INTERVIEW
Nous poursuivons notre politique de développement en agissant sur les cinq axes majeurs que sont la réactivité, la proximité, la productivité, la dématérialisation des échanges avec les partenaires et enfin le pilotage du risque

Abdelaziz Alaoui

Président de la Caisse Mutualiste Interprofessionnelle Marocaine (CMIM). Vice-Président de l’Association Internationale de la Mutualité (AIM) chargé de l’Afrique et du Moyen Orient.

Vous présidez la CMIM (Caisse Mutualiste Interprofessionnelle Marocaine), pouvez-vous présenter l’historique et les objectifs de votre mutuelle ?

Créée en 1977, la Caisse Mutualiste Interprofessionnelle Marocaine (CMIM) a pris la suite de la Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance des Cadres (CIPC) dont le siège est à Paris, aujourd’hui dénommée Malakoff Médéric et qui demeure à ce jour notre partenaire. Indépendante de tout intermédiaire commercial, la CMIM est une mutuelle privée, à but non lucratif, régie par le Code de la mutualité. La CMIM a la particularité d’être un organisme paritaire, où les représentants des entreprises adhérentes et les salariés siègent en Conseil d’administration et en Assemblée générale. La CMIM est une institution volontairement sociale, gestionnaire de régimes de prévoyance et de garanties contre les risques à caractère médical, en faveur de ses adhérents. De par son caractère interprofessionnel, elle a étendu le bénéfice de la couverture médicale à toutes les catégories de salariés des entreprises adhérentes dans un parfait esprit de solidarité et a élargi considérablement le champ de couverture et de garantie contre les risques de maladie. La CMIM offre aujourd’hui à ses adhérents – actifs, retraités et leurs ayants droit des prestations couvrant les risques maladie, maternité, incapacité de travail, invalidité ainsi qu’une couverture « Capital décès ».

Par ailleurs, nous travaillons actuellement sur le déploiement de nouvelles offres qui viendraient étoffer nos services aux adhérents. Un nouveau site internet ainsi qu’un centre de relation adhérent « ALLO CMIM » sont en cours de finalisation. Nous poursuivons notre politique de développement en agissant sur les cinq axes majeurs que sont la réactivité, la proximité, la productivité, la dématérialisation des échanges avec les partenaires et enfin le pilotage du risque.

Vous êtes également le Vice-Président de l’Association Internationale de la Mutualité, dans un monde qui recherche toujours plus de sécurité, quels doivent être la place et le rôle des Mutuelles ?

Tout d’abord, permettez-moi de vous rappeler les trois valeurs qui différencient les mutuelles des assurances classiques et qui font des mutuelles des piliers de l’économie sociale et solidaire :

• La solidarité : les mutuelles protègent leurs adhérents sans discrimination liée à l’âge ou à l’état de santé ;

• La démocratie : un homme = une voix ;

• La non-lucrativité : les membres de l’AIM ne rémunèrent pas d’actionnaires et les bénéfices sont réinvestis au profit des adhérents.

En qualité de Vice-président de l’AIM chargé de l’Afrique et du Moyen Orient vous comprendrez aisément que je priorise ma vision et mes actions futures sur ces 2 espaces géographiques qui présentent une situation dramatique qui se résume comme suit :

• 82% de la population mondiale ne bénéficie d’aucun système de protection sociale ;

•  Selon les chiffres du Bureau international du Travail, en Afrique.

Subsaharienne, seul 5 à 10% de la population bénéficie d’une sécurité sociale sur les aspects « sécurité du revenu » et « santé ».

Ces chiffres sont édifiants : une grande majorité de la population mondiale souffre d’un manque total de sécurité sociale. Les personnes du secteur informel en sont pratiquement exclues. Cependant, à l’AIM nous pensons que ce n’est pas une fatalité et qu’une meilleure couverture sociale est un « rêve accessible » comme l’a dit le Nobel Amarty Sen. Pour ma part, j’estime que le rôle et la place des mutuelles doivent s’inscrire dans la réalisation de défis pour le XXIème siècle. Mais quels sont les défis des mutuelles dans la poursuite de ce « rêve accessible » en Afrique ? Il y a des défis internes au mouvement mutualiste et d’autres défis qui sont externes, impulsés par des institutions nationales ou internationales et par le contexte dans lequel évoluent nos mutuelles. 

Pour les défis internes au mouvement mutualiste africain, j’en relève plusieurs que je synthétise comme suit :

Le défi de la professionnalisation. Cette professionnalisation est à mener à plusieurs niveaux. Au niveau du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale et ce à travers la formation des élus pour s’assurer d’une bonne gestion. Au niveau du fonctionnement quotidien de la mutuelle à travers un système de gestion performant sur le plan des prestations, de la gestion des risques, des ressources humaines…

La structuration du mouvement et ce à travers la capacité des mutuelles à organiser et à porter leur propre développement. Le développement d’une offre de soins de qualité abordable et accessible partout et notamment en zone rurale. La communication en poussant les mutuelles à mettre en avant leurs valeurs, en misant sur la confiance, sur la crédibilité et en favorisant une approche multi-acteurs (prestataires, patients, membres, syndicats, employeurs).

Ce sont là, à mon avis, quelques-uns des défis internes majeurs auxquels seront confrontées les mutuelles et dont la prise en compte sera décisive pour le futur de notre mouvement en Afrique. Le succès dans la réalisation de ces défis consacrera la place et le rôle prééminent qu’occuperont les mutuelles dans une société mondiale inclusive du XXIème siècle.

Autour de nombreuses personnalités nationales et internationales, vous avez présidé le 20 décembre, la 6ème journée de la santé au travail marocaine à Casablanca, à cette occasion vous avez présenté le CRAST (Club de Réflexion et d’Action sur la Santé au Travail), quelle sera la mission de celui-ci ?

Au préalable nous avons lancé une enquête qui a dégagé une forte attente de la part de nos adhérents quant à la mise en place d’une structure de conseil et d’assistance en santé au travail. à l’unanimité des entreprises participantes à l’enquête ont émis le souhait de voir la CMIM accueillir cette entité. Nous sommes donc passés du stade de projet à la mise en place effective du Club de Réflexion et d’Actions en Santé au Travail (CRAST- MAROC) qui s’intègrera au sein de la CMIM dont les principales missions sont :

• Etre une structure de veille, de réflexion, d’idées et d’échanges de savoir et de savoir-faire pour la promotion et la consolidation de la Santé au Travail, au profit des adhérents CMIM et d’une manière générale du monde de l’entreprise.

• Devenir une plate-forme de référence, de connaissance, d’échanges de bonnes pratiques et de mise en commun des expertises de ses membres au profit de la Santé au Travail.

• Organiser périodiquement des conférences, symposium, tables rondes, ateliers, baromètre… sur la Santé au Travail.

• Diffuser régulièrement notes, analyses, études, informations et bonnes  pratiques en Santé au Travail au profit des adhérents CMIM.

• Contribuer à la prévention des risques en Santé au Travail.

• Rendre le collaborateur acteur de la Santé au Travail.

Nous sommes actuellement en train de finaliser son mode de gouvernance et d’arrêter sa stratégie et son plan d’actions pour l’exercice en 2017. Par ailleurs, le CRAST développera des conventions de partenariat avec des organisations marocaines et étrangères.