INTERVIEW
Si le marché était attentiste à la fin des années 2000, il fait aujourd’hui preuve d’innovations et de nombreuses solutions d’assurance existent…

Christian Schmidt de la Brélie

Directeur Général de KLESIA

Les français se prononcent pour un système de financement mixte avec une assurance complémentaire. Dans quel cadre les complémentaires sont des acteurs incontournables de la gestion de ce risque ?

Il est tout d’abord tout à fait partagé que le coût, découlant de la perte d’autonomie d’une personne âgée, excède largement les ressources au même instant. Il suffit d’évoquer le coût de l’emploi d’une aide à domicile, à quasi temps plein ou encore d’une place dans un établissement médicalisé. 

Les positions sont en revanche plus divergentes quant aux solutions, et notamment de financement, à apporter, pour «solvabiliser» ces besoins qui peuvent s’étaler sur des durées très variables selon les situations ; c’est d’ailleurs l’une des difficultés de l’équation. 

Dans ce cadre, les organismes assureurs ont bien évidemment toute leur place : mais à l’image de l’assurance maladie, le rôle et la place de l’assurance dépendance ne peut s’envisager en France en dehors de toute réflexion globale. 

Les travaux que les différents ministres qui se sont succédés depuis 2008 sur ces sujets l’ont d’ailleurs bien démontré : tous ont mis en place des groupes de travail, de réflexion ou lancé des enquêtes de grands corps d’inspection et tous ont, de près ou de loin, évoqué ces questions et invité à une réforme de l’assurance dépendance. 

Mais la question est très complexe, s’il s’agit comme les pouvoirs publics le souhaitent, d’articuler au mieux le déclenchement simultané des prestations APA versées par le conseil général et des prestations d’assurance : il est tout à fait contraire aux règles qui nous gouvernent que l’élément déclencheur du sinistre, sur un risque de très long terme, soit dépendant de décisions gouvernementales, c’est-à-dire potentiellement guidé par considérations politiques. 

Dès lors, l’assurance dépendance ne doit pas être résumée à celle d’un contrat de prévoyance individuelle ou d’un contrat d’épargne, souscrit à 60 ans et assurant le versement d’une rente en cas de GIR 1 et 2, contrat qui pose effectivement les questions récurrentes de transférabilité, d’articulation avec l’APA dans le déclenchement de garantie minimale et de questionnaire médical le plus tardif possible. 

Si le marché était attentiste à la fin des années 2000, il fait aujourd’hui preuve d’innovations et de nombreuses solutions d’assurance existent. L’assurance vie et ses 1500 milliards d’encours représente évidemment une solution. Les contrats d’épargne retraite, ou contrats d’épargne, prévoient des options de doublement de la rente en cas de dépendance. On voit également se développer des solutions de préfinancement dans le cadre de l’entreprise. 

Mais l’assurance peut également concerner les aidants et, c’est sans doute là que les perspectives de développement sont les plus fortes.

Quelles actions Klésia mène et entend mener pour accompagner ses adhérents dans la perte d’autonomie ? 

Fort de ses 2 métiers, la retraite complémentaire et l’assurance de personnes, KLESIA utilise la large palette de solutions pour accompagner ses adhérents. 

Au delà des produits d’assurance et de téléassistance,  et notamment d’aide aux aidants, que nous avons mis en place, nous sommes convaincus qu’investir dans le champ du maintien de l’autonomie au grand âge suppose de renforcer la prévention dès le plus jeune âge. 

Par l’intermédiaire de notre action sociale, nous menons de nombreuses actions destinées à donner les clés du bien vieillir, accompagner le grand âge en perte d’autonomie, soutenir les aidants, notamment au sein de nos EHPAD et des centres de prévention bien vieillir de la retraite complémentaire. 

Nous menons enfin une série d’actions d’intérêt général : soutien à la recherche via l’ICM, organisation de villages dédiés à la perte d’autonomie dans les grandes villes, participation à des projets de la chaîne de santé sur l’interaction médicamenteuse, etc…

Les français estiment pour près de 80% dans le baromètre OCIRP qu’une réforme assurant un financement pérenne de ce risque est nécessaire avant 2017, pensez-vous que ce délai est suffisant ?

La réforme du 5ème risque est annoncée depuis près de 10 ans. Celle-ci ne doit pas se limiter à assurer un financement pérenne de ce risque, bien qu’il s’agisse d’un objectif majeur. En ce sens, le projet de loi mené par le Gouvernement visant à une «adaptation de la société au vieillissement», c’est-à-dire agissant non seulement sur le financement mais également sur l’offre, sur l’anticipation, va dans le bon sens. Mais je ne crois pas à une grande réforme, annoncée depuis 10 ans comme la grande réforme du quinquennat. Il faut y aller par étape. Dans ce cadre, et à l’image de ce qu’il faut faire pour l’assurance maladie, j’appelle de mes voeux à une vraie association des organismes complémentaires. 

Ainsi, je pense que d’autres réformes auront lieu en 2017, puis en 2022. En tout état de cause, sur ce risque, les projections financières restent assez aléatoires, compte tenu notamment des progrès scientifiques.