Henry Aussavy
Délégué transition professionnelle comité opérationnel CAP2C
L’évolution sociologique du recrutement des officiers ainsi que l’accroissement des transitions professionnelles, en cours de carrière, du monde militaire vers celui de l’entreprise ont conduit les associations d’anciens élèves à s’engager vers un élargissement de la notion de solidarité et d’entraide.
Très logiquement, la famille saint-cyrienne regroupée en deux entités (la Saint-Cyrienne et l’ASCVIC), a créé une équipe « solidarité professionnelle » commune ayant pour mission d’accompagner les camarades souhaitant quitter l’uniforme et s’orienter vers une reconversion.
Cette équipe est composée « d’anciens » ayant la double culture militaro-civile, à l’issue d’une vie professionnelle dans ces deux univers. Ces volontaires bénévoles donnent de leur temps pour accompagner leurs « jeunes » camarades en interrogation sur un éventuel départ de l’institution, par un accueil individualisé et confidentiel, afin de construire une relation personnelle de conseil, en confiance.
Succinctement, la plupart des échanges portent sur l’opportunité de quitter ou pas, de se dévoiler, de déterminer un agenda, de s’orienter vers le salariat dans le privé ou une institution publique, de créer une société, d’évoquer les incidences financières, l’importance des réseaux, de préciser la place de la famille, etc. Pour les plus déterminés, l’aide va porter sur le contour du projet, à cerner le mieux possible, la rédaction du CV avec la « traduction » des compétences, de l’expérience et des acquis dans le monde militaire vers le langage de l’entreprise, la préparation de pitch et d’entretien pour répondre à une annonce, etc.
Pour la meilleure mise en perspective possible du changement d’environnement à advenir, il est aussi proposé la mise en relation/réseau, voire des parrainages, avec des camarades reconvertis déjà insérés dans le monde de l’entreprise (ou du secteur public) et travaillant dans un métier proche du projet professionnel exposé. Tous les ans, près de 80 camarades bénéficient de cette solidarité associative, au sein de la Saint-Cyrienne.
Quant à l’aspect global de l’engagement des différentes associations d’anciens élèves des écoles d’officiers des trois armées, il s’exprime lors de la journée annuelle CAP2C (« cap vers une 2e carrière »), soutenue par le CLD/MEDEF, qui attire de l’ordre de 180 à 200 auditeurs et qui connaît un succès qui se confirme d’année en année.
C’est une journée privilégiée, de grande densité, pour un échange d’expériences sans tabous, pour débattre et témoigner, sur tous les aspects d’un processus de reconversion. Le départ de l’institution, l’arrivée dans un univers différent, l’apprentissage d’une autre « langue » et d’autres « galons », le possible et le difficile, les réussites et les échecs, sont à l’ordre du jour.
En conclusion, il y a eu un glissement sémantique révélateur d’une évolution dans la manière de concevoir la Protection sociale : la Protection sociale collective historique et la Protection individuelle qui est au cœur des services d’assurance.
C’est pourquoi, concernant la solidarité professionnelle, il m’est difficile de relier l’engagement associatif, mené par des bénévoles, à la notion de Protection sociale qui relève à la fois des pouvoirs publics, et de plus en plus des sociétés d’assurance et d’assistance.
Notre solidarité n’entre pas dans le cadre des techniques de Protection sociale des sociétés d’assurance ; elle se décline comme un principe qui correspond aux valeurs de l’entraide et de la fraternité d’armes qui sont la réalité de l’agrégation de liens sociaux, autour d’une identité forte au sein de la Défense.
À un modeste niveau, il s’agit d’aider les camarades à sortir de leur zone de confort, pour entrer sur un nouveau champ de manœuvre (j’évite le terme de champ de bataille), avec les meilleures « armes » possibles pour réussir. On ne propose pas de « bouclier » mais une aide au choix de changer, de rester, de continuer à réfléchir…
Enfin, je souhaite questionner les assureurs : avec tous leurs produits d’assurance sociale individuelle, seraient-ils en mesure de proposer d’autres services dans une démarche de protection collective élargie à l’accompagnement professionnel ?