Proposition collective
La diversité et la spécialisation accrue de ceux qui s’intéressent à notre système de Protection sociale empêchent bien souvent d’avoir une vision globale de ses mécanismes. L’image d’ensemble manque cruellement. L’on constate, d’ailleurs, que le cloisonnement des acteurs dans leurs secteurs respectifs leur fait perdre de vue les conséquences de leurs choix sur les domaines et les actions des autres. Les spécialistes du travail, de l’accès aux soins ou de l’hôpital, du système de santé, des retraites, du chômage, des politiques familiales ou encore du financement de la Protection sociale ne dialoguent que peu entre eux.
Les conséquences d’un taux de chômage élevé, de l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres, de l’ubérisation de certains métiers sur la santé au travail sont bien documentées aujourd’hui. Ces conséquences impactent l’espérance de vie et notamment l’espérance de vie en bonne santé et donc l’augmentation des dépenses de santé. À cet égard, la réorganisation du système de soins, la réforme des retraites et l’organisation des moyens de lutte contre la pauvreté sont des piliers indissociables. Plus personne ne le conteste aujourd’hui, et pourtant les réformes sont conduites séparément.
Les enjeux en termes de développement, de santé, de pauvreté, de logement, d’éducation, d’inégalités et donc, au final, de Protection sociale, sont par ailleurs extrêmement hétérogènes dans les territoires. La gouvernance particulièrement complexe de la Protection sociale rend les liens entre les besoins sociaux particulièrement peu lisibles.
En effet, l’organisation de chaque caisse de Sécurité sociale autour d’un risque social – organisation distincte de celle de Pôle emploi – et la spécialisation de chaque échelon de l’État, du plus déconcentré au plus central, sur un certain risque (le département, pour l’aide sociale, la région pour la formation professionnelle continue, etc.) parachève institutionnellement la fragmentation de la Protection sociale.
La Protection sociale ne peut plus être pensée isolément, comme une politique spécifique à part des autres politiques publiques, comme une politique qui ne prend pas en considération son impact sociétal, son ancrage territorial, ses liens réciproques avec les marchés du travail, le système éducatif et la formation tout au long de la vie…
Certes, les liens sont complexes, et les résistances historiques et institutionnelles fortes, mais replacer le citoyen au cœur de la Protection sociale exige de les considérer. La Protection sociale est au cœur de toutes les politiques publiques et les questions sont transversales. Nous nous devons d’y apporter des réponses intégratives !