Proposition collective
Notre système de santé a fait face durant la crise épidémique, malgré des faiblesses chroniques bien connues à commencer par les problématiques de coordination entre soins de ville, établissements hospitaliers, sanitaire et médico-social. Il a tenu, malgré une lourdeur bureaucratique préjudiciable. Notre système de santé, fortement éprouvé, doit retrouver un souffle nouveau. Cette crise a révélé de façon criante le besoin de porter un nouveau projet et de rénover en profondeur nos organisations : attractivité des carrières, simplification des procédures, renforcement de l’autonomie de décision des professionnels… les chantiers sont nombreux et confirment le besoin de refonder notre système.
L’enjeu prioritaire consiste alors aujourd’hui à faire de la santé un nouveau défi de mutation de notre modèle social, à redonner du sens et une finalité aux organisations. Pour ce faire, les questions de santé ne peuvent plus être réduites à une simple approche technique sur l’organisation des soins mais doivent au contraire s’intégrer dans l’ensemble des champs de l’action publique. Avec cette crise, chacun comprend désormais l’importance de se doter d’une stratégie de santé efficace qui soit portée par toutes les politiques publiques (éducation, environnement…) qui doivent être coordonnées pour tendre vers un même objectif : l’amélioration de l’état de santé des citoyens.
Refonder notre système suppose, par ailleurs, de s’appuyer sur les territoires. L’organisation jacobine n’a malheureusement pas démontré sa capacité à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé. La centralisation des décisions conduit à une impasse. Au regard de ce constat, l’État se doit de réinvestir son rôle stratégique pour redevenir garant de la politique nationale de santé publique. Les régions en charge de l’investissement devraient, quant à elles, se voir attribuer un rôle de premier plan et une responsabilité plus importante en matière de santé afin de devenir un véritable point de rassemblement des politiques qui contribuent à la santé, pour coordonner les politiques qui ont un impact sur la santé des citoyens et, in fine, l’améliorer. Enfin, la santé doit être considérée comme un secteur stratégique pour l’avenir, source de création de richesse et d’emplois.
Si la politique du coup de rabot de ces dernières années pour remettre le système de santé à flot permet de respecter les objectifs macroéconomiques, cette dernière rend impossible toute stratégie d’avenir en privilégiant le « saupoudrage » au détriment de l’investissement. Un nouveau modèle doit alors être envisagé : un modèle qui accompagne les réorganisations nécessaires et qui définisse une véritable stratégie d’investissement, de long terme.
Dans cette lignée, il est fondamental de penser à grande échelle les effets de la transformation numérique du système de santé, d’accélérer les efforts de recherche et de définir une nouvelle alliance entre les secteurs public et privé. C’est un enjeu de souveraineté nationale. Il est tout aussi essentiel de redonner aux métiers de santé une véritable attractivité en reconsidérant, notamment, les acteurs. Redonner aux métiers de santé leur attractivité nécessite une évolution profonde de leurs formations, de leurs rémunérations, et de leurs relations avec les autorités régulatrices et managériales.
À un système cloisonné et fondé sur le contrôle doit succéder un système basé sur le travail d’équipe, la confiance et la valorisation des résultats atteints. Cette refondation ne pourra se faire sans une évolution profonde des rémunérations et des statuts des personnels comme des structures. Elle ne sera pas non plus possible sans une nouvelle et massive politique d’investissement en faveur de la santé et particulièrement de sa dimension numérique.