Proposition collective
Les patients souhaitent pouvoir être opérés près de chez eux et avoir des informations sur la qualité des soins prodigués dans l’établissement où ils sont censés se faire traiter. Ces aspirations, bien que légitimes, ne sont malheureusement pas toujours compatibles. La France dispose en effet de nombreux plateaux techniques dispersés, qui ne permettent pas toujours de répondre à des exigences de qualité. En partant de ce constat, l’idée d’un regroupement de ces plateaux techniques afin de proposer aux patients une offre de soins performante a fait son chemin. Plusieurs études réalisées en France portant sur des interventions majeures font état d’un nombre de services de chirurgie bien plus important par rapport à d’autres pays. À titre de comparaison, en Angleterre, on recense 27 équipes réalisant des opérations pour cancer du poumon. En France, 91 centres pratiquent les mêmes interventions, soit pratiquement 3 fois plus.
Cette dispersion préjudiciable permet d’observer que bon nombre d’équipes ne réalisent qu’une à deux interventions chaque année. De nombreux plateaux techniques comme les services à faible activité, avec des équipes peu entraînées et souvent non permanentes, représentent pourtant un véritable danger pour les patients qui en fonction du lieu d’hospitalisation s’exposeront plus ou moins à des risques de sur-hospitalisation ou de mortalité. Les études internationales le démontrent parfaitement. En France, les études menées sur la chirurgie du pancréas et du foie dressent le même constat. Pour la chirurgie hépatique, 181 équipes ont été recensées. Les conclusions sont sans appel : dans les centres pratiquant moins de 20 interventions par an, l’on constate un excès de mortalité à 30 jours avec un taux allant de 12 à 22 % lorsque la moyenne nationale est de 3 %.
Les différents travaux menés en la matière confirment donc la nécessité de s’interroger sur la révision de l’offre de soins en France pour certaines chirurgies, afin d’être en capacité d’offrir aux patients des plateaux techniques performants. Des pays tels que la Hollande ou le Danemark ont d’ailleurs réussi le pari de la restructuration de l’offre de soins en regroupant ces plateaux techniques. Les programmes dénommés « régionalisation des plateaux techniques » ciblent des interventions majeures comme la chirurgie du poumon, ou encore du pancréas. En ce qui concerne la restructuration, celle-ci ne pourra se faire qu’à partir de critères comme les besoins du bassin de population, un volume d’activité en adéquation avec des soins de qualité.
Ces nouvelles structures devraient par ailleurs comprendre un plateau technique performant, aussi bien au niveau des blocs opératoires, des soins intensifs que de l’accès à des technologies innovantes. Le dernier critère, et non des moindres, concerne la compétence des équipes médico-chirurgicales. Ces programmes de restructuration ne s’adresseraient naturellement qu’à des interventions et actes complexes ou à risque. La liste des actes éligibles devrait être dressée avec l’aide des professionnels de la spécialité.
L’autre avantage, que l’on oublie bien souvent de mentionner, concerne l’attractivité de ces structures pour les praticiens qui pourront exercer avec des équipes compétentes et réaliser des interventions intéressantes. Enfin, l’idée de regrouper les plateaux techniques ne pourra se concrétiser que si elle se fait à l’échelon de la région, en prenant en compte les besoins de la population. Plus globalement, la réduction des plateaux techniques ne pourra être comprise par la population qu’avec la diffusion des résultats des évaluations des établissements de santé privés et publics sur les taux de mortalité, les taux de ré-hospitalisation ou encore l’incidence des infections nosocomiales, etc.
Si on regroupait les plateaux techniques en France, nous pourrions proposer aux patients des plateaux techniques de qualité où ils pourraient être traités en toute sécurité. Nous pourrions leur proposer un accès simple aux innovations technologiques, quel que soit leur lieu de résidence !