Proposition collective
Avec la crise sanitaire, la notion de performance du système de santé a été remis au cœur du débat. Auprès des décideurs et collectivités, des professionnels de santé, mais aussi des citoyens. Cette pandémie a, s’il en était encore besoin, mis en lumière la solidarité, l’agilité et la réactivité de notre système de santé. Cette crise nous a montré que le système français par son universalité, par son reste à charge le plus faible de l’OCDE, par sa couverture territoriale et par son degré technologique, offrait à la population une prise en charge de très grande qualité. Plutôt que de considérer que tout doit être changé, transformé et que rien ne vaut parce qu’il ne serait pas performant, nous devons au contraire envisager des pistes d’amélioration de l’existant pour rendre notre système de santé encore plus universel, efficace et performant.
Il est en premier lieu fondamental de repenser et d’élargir les enjeux de performance afin d’en offrir une approche plus globale, dans laquelle la performance économique n’est qu’un point d’entrée parmi l’ensemble des leviers de performance, voire la conséquence d’une performance globale. La performance ne se résume, en effet, pas seulement au sens économique du terme. Ses dimensions sont multiples et complexes. La crise Covid l’illustre bien puisqu’au niveau du système hospitalier, la dimension financière a été mise entre parenthèses durant plusieurs mois pour laisser place à la performance organisationnelle, cruciale dans la gestion de cette crise.
Le premier vecteur d’amélioration concerne de toute évidence la performance organisationnelle dans les territoires. La France souffre, en effet, d’une inégalité territoriale en matière sanitaire très marquée. In fine, les citoyens peinent de plus en plus souvent à trouver un médecin traitant ou un spécialiste. Travailler sur cette couverture territoriale n’est donc plus une option. Pour ce faire, il sera nécessaire de s’appuyer sur les outils technologiques, de généraliser les délégations de tâches et de renforcer les hôpitaux de proximité et les CPTS.
Il faut, en second lieu, réfléchir de façon plus précise à la performance organisationnelle interne et notamment à la performance de l’utilisation de ressources humaines. C’est une réalité, les équipes de santé souffrent. Elles ont des conditions de travail difficiles, une charge mentale forte et une demande sociale qui s’amplifie. S’en rendre compte c’est se poser les bonnes questions sur les moyens de rendre cet exercice professionnel plus simple, donc plus attractif et de renforcer notre système de santé.
Enfin, pour limiter les coûts, il est impératif que les questions de performance organisationnelles soient constamment réinterrogées. La performance économique n’est pas le point d’entrée de notre système de santé, elle doit être un des points de sortie. C’est parce que nous aboutissons à une bonne performance territoriale, à une bonne performance organisationnelle et à une bonne performance en ressources humaines que nous pouvons espérer avoir un système de santé qui utilise les ressources aux meilleurs coûts pour la collectivité.
Parler de performance économique ne doit plus être tabou. Nous parlons d’argent socialisé, dans un système socialisé. Il est alors nécessaire que nous acceptions de questionner nos organisations pour que notre système soit économiquement et financièrement soutenable sur le long terme. C’est d’autant plus essentiel, si nous souhaitons que notre système soit une référence dans le monde !