Proposition collective
La crise sanitaire engendrée par la Covid-19 a brutalement confirmé que les questions liées au vieillissement étaient incontournables. Les EHPAD en proie à de vives critiques ont, quant à eux, révélé un certain nombre de faiblesses à l’instar de celles qui existent avec les hôpitaux. Si l’Ehpad de demain doit certes être repensé en termes de conception architecturale, d’ouverture sur l’environnement, d’organisation et de fonctionnement des établissements, il ne faut toutefois pas oublier que ces dernières années les choses se sont améliorées dans ces structures. Nous avons la chance d’avoir, pour la prise en charge de la grande perte d’autonomie, un modèle français d’EHPAD avec un haut niveau de technicité et un maillage territorial fort.
En partant de ce postulat, nous devons nous interroger sur la manière d’exploiter cette ressource pour qu’elle bénéficie aux résidents mais aussi aux personnes âgées vivant à domicile dans une logique de parcours et d’offre de service territoriale. Dans un territoire, l’Ehpad doit en effet pouvoir constituer un centre de ressources. Il doit permettre de déployer des professionnels au domicile en cas d’aggravation de l’état d’une personne vivant seule ou insuffisamment aidée ; inversement, il doit pouvoir accueillir temporairement un âgé traversant une crise et même disposer d’un accueil d’urgence pour soigner et faire le point de la situation du patient afin de mesurer s’il peut ou non retourner à son domicile.
Plus globalement, notre société devra, nous le savons, s’adapter au vieillissement. Des aménagements territoriaux devront, par conséquent, être opérés puisque le vieillissement est un phénomène territorial, on vieillit là où on habite. La question de l’accès à un certain nombre de biens et services, de commerces, de services de soins et de services spécialisés sur la perte d’autonomie est donc fondamentale.
Plus encore à l’heure où près de 15 % des plus de 75 ans vivent seuls dans des villes où il n’y a pas de commerces alimentaires et que les déserts médicaux se généralisent. Il est, à cet égard, indispensable de fonctionner dans une logique de repérage de l’isolement et des fragilités. S’il n’y a pas cette recherche des fragilités et que les acteurs locaux ne partagent pas les informations dont ils disposent, nous risquons d’avoir une crise du vieillissement.
Le vieillissement va se massifier dans les vingt prochaines années.
La transition démographique doit, par conséquent, être regardée avec attention par l’ensemble des acteurs et pas seulement par ceux du secteur sanitaire ou médico-social puisque tous les secteurs seront concernés par cette transition (logement, transport, vie associative…). La réponse doit alors être globale, et ne pas intervenir dans le strict champ du médico-social, du sanitaire, des EHPAD ou des services à domicile. Ces éléments doivent être traités dans un continuum.
L’on constate, par ailleurs, que la question de l’isolement des personnes âgées n’a pas été pensée par les politiques publiques malgré des alertes récurrentes. Pour des raisons sociodémographiques, nous allons voir augmenter le nombre de personnes en situation d’isolement. Il faudra donc y apporter des réponses fortes, notamment en termes de prévention (adapter la société au vieillissement, promouvoir les activités physiques adaptées, prévenir la dénutrition…), si nous souhaitons réussir une politique du Grand âge et de l’autonomie !