LA PLACE DE L’HÔPITAL DANS LA RECHERCHE CLINIQUE EST ÉVIDENTE. C’EST LE LIEU D’APPRENTISSAGE DE LA MÉDECINE PAR EXCELLENCE, NOTAMMENT DANS LES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALO-UNIVERSITAIRES…

PIERRE LOULERGUE 

PRATICIEN HOSPITALIER

La recherche clinique est constituée par l’ensemble des études pratiquées sur la personne humaine afin d’améliorer les connaissances médicales et scientifiques.

La médecine est une science particulière, qui a pendant longtemps progressé grâce à des méthodes empiriques. Une culture de la médecine « fondée sur les preuves » (Evidence-Based Medicine) est apparue progressivement au XXe siècle, avec une accélération depuis plusieurs décennies, liée notamment à la mondialisation des connaissances,
à la densification des échanges internationaux et aux facilités de communication actuelles. La recherche clinique doit donc démontrer une efficacité, avec une méthodologie adaptée, avant que des thérapeutiques, ou plus largement des actions médicales, ne soient validées et fassent l’objet de recommandations officielles, nationales ou internationales. Ces recherches ne peuvent se concevoir que dans un cadre éthique strict respectant la personne humaine : elles sont soumises à l’accord de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé et d’un Comité de protection des personnes.

La place de l’hôpital dans la recherche clinique est évidente. C’est le lieu d’apprentissage de la médecine par excellence, notamment dans les établissements hospitalo-universitaires. Il y a en effet une unité de lieu entre des médecins spécialisés, des laboratoires de recherche fondamentale, des plateaux techniques de biologie ou d’imagerie et des patients. Les études cliniques sont réalisées dans les services de soins, mais les exigences de la réglementation nécessitent le plus souvent le concours d’unités spécialisées, comme les centres d’investigation clinique ou les centres de recherche clinique. Ces unités ont du personnel formé et dédié à la recherche, et participent à la réalisation des études dans le respect des Bonnes pratiques cliniques.

Les études cliniques sont un facteur de valorisation potentielle sous-exploité par les hôpitaux. Outre la valorisation financière par les promoteurs de la recherche (institutionnels ou privés) qui peut être optimisée, les hôpitaux doivent assurer une meilleure visibilité dans la valorisation scientifique (publications dans les revues scientifiques, présentations en congrès médicaux).

LA RECHERCHE EST UNE DES FORCES INCONTESTÉES DE L’HÔPITAL. C’EST UN FACTEUR D’ATTRACTIVITÉ VIS-À-VIS DES JEUNES GÉNÉRATIONS QUI DEVRAIT ÊTRE DAVANTAGE MIS EN AVANT DANS UNE PÉRIODE DE DOUTE VOIRE DE DÉSAMOUR…

L’hôpital a la particularité de pouvoir être le lieu de réalisation d’études cliniques très diverses : phases de développement du médicament (tolérance, sécurité, recherche de dose, efficacité clinique), études obser- vationnelles, études en sciences humaines, innovation technologique (chirurgie, radiologie, biologie…) et des études dites de « preuve de concept » (réalisation d’une idée scientifique sur un nombre réduit de personnes pour démontrer sa faisabilité). Le développement de la recherche translationnelle, dite « recherche de transfert », assure le lien entre la recherche fondamentale et la recherche clinique. Elle se charge donc de trouver des applications pratiques aux découvertes scientifiques les plus récentes dans le monde de la santé.

Ce type de recherche, en plein essor, permet un transfert accéléré des connaissances et des technologies innovantes vers des applications diagnostiques et thérapeutiques, au bénéfice du patient. Elle nécessite des équipes pluridisciplinaires, de chercheurs et de médecins formés à la recherche clinique, assurant un mouvement bidirectionnel des connaissances du patient vers la recherche fondamentale et de la recher- che fondamentale vers le patient.

La création d’un véritable réseau de recherche clinique hospitalier pourrait permettre de relever les défis de demain : inclure plus de patients, plus rapidement, sans transiger avec la qualité. La concurrence dans la recher- che est internationale, et notamment européenne, mais elle est aussi parfois nationale. La mutualisation des moyens dédiés à la recherche clinique dans des structures hospitalières proches géographiquement, au sein d’un Groupement hospitalier de territoire par exemple, pourrait aider des hôpitaux plus loin de la recherche à accéder à des études menées par des hôpitaux leaders dans ce domaine.

La recherche est une des forces incontestées de l’hôpital. C’est un facteur d’attractivité vis-à-vis des jeunes générations qui devrait être davantage mis en avant dans une période de doute voire de désamour. La recherche aura de plus en plus besoin de jeunes médecins capables de faire le lien entre le monde de la recherche fondamentale et le monde du soin. Percevoir les applications cliniques potentielles d’une idée scientifique, mettre en place la méthodologie adéquate pour prouver l’intérêt d’un concept, réaliser une recherche avec des patients, analyser et valoriser son étude sont autant d’éléments enthousiasmants pour un médecin. La recherche clinique de demain aura besoin de médecins passionnés, curieux et dynamiques !