Thomas Rulleau
INGÉNIEUR DE RECHERCHE CLINIQUE ET KINÉSITHÉRAPEUTE DOCTEUR EN STAPS-COGNITION DU MOUVEMENT HUMAIN
Depuis une dizaine d’années, nous avons eu la chance d’assister à l’émergence d’une recherche clinique paramédicale. Elle s’est matérialisée par la création de prix pour récompenser les initiatives, de programmes d’accompagnement des paramédicaux vers des cursus universitaires, et surtout d’un financement dédié, le Programme Hospitalier de Recherche Infirmier, devenu le Programme Hospitalier de Recherche Infirmier et Pa- ramédical.
Les impacts de cette évolution sont multiples.
En premier lieu, elle oblige une évolution des compétences des professionnelles vers la pratique basée sur les preuves (Evidence Based Practice – EBP), regroupant l’Evidence Based Medicine, Nursing pour les infirmiers ou encore Physiotherapy pour les kinésithérapeutes etc. En effet, les évaluations des pratiques professionnelles sont maintenant ancrées dans les habitudes. Si le professionnel se pose une question pratique, il doit rechercher dans la littérature scientifique une réponse et l’implémenter à sa pratique dans l’intérêt du patient. Il est donc nécessaire de former les professionnels, jeunes et plus expérimentés, à « consommer » la littérature scientifique (poser une bonne question et équation de recherche, identifier les bases de recherche, les mots clés, et faire une lecture critique des articles).
Néanmoins, si la réponse n’est pas dans la littérature, comment y répondre ?
Le second impact de cette évolution est de permettre aux paramédicaux de pouvoir po- ser des questions de recherche en lien avec leur pratique clinique. En effet, jusqu’à maintenant, un professionnel paramédical se posant une question pratique avait peu de moyens ni de structures permettant de répondre à sa question. Ainsi, les prix, bourses, soutiens des structures et financements de programmes de recherche sont une opportunité pour les professionnels. On notera que cette opportunité est aussi présente pour les structures qui peuvent ainsi prétendre aux crédits « missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation » afin de financer leur investissement.
Le dernier point remarquable est en lien avec l’évolution des formations paramédicales. En effet, la création de nouvelles sections du Conseil National des Universités en sciences infirmières (92) et sciences de la réédu- cation et réadaptation (91) signe l’arrivée de nouveaux professionnels formés à haut niveau pour la recherche. Ils pourront accompagner les acteurs de terrain dans ce développement de la recherche clinique paramédicale. Nous pouvons souhaiter que la création de postes d’enseignant-chercheur universitaire s’accompagne de création de postes de praticien-chercheur au statut spécifique, reconnaissant le double cursus paramédical et doctorat, permettant ainsi de professionnaliser cet investissement des structures et des professionnels aux bénéfices direct des patients.