Martine Dulout
Vice-Présidente de la MGP
La prévoyance collective consentie par une communauté pour préserver ses membres des risques liés aux aléas de la vie (professionnelle ou personnelle et familiale) ne peut s’envisager qu’en tenant compte des besoins réels de cette même communauté.
Seuls des organismes « affinitaires » connaissent parfaitement ces besoins.
Pour autant, les cas et besoins particuliers ne doivent pas servir à créer cette future protection.
Faire d’un cas particulier identifié un cas général n’est ni viable économiquement ni très porteur en termes d’image.
Cette approche plus individuelle doit pouvoir s’imaginer au travers de l’action sociale qui doit venir compléter la Protection sociale en place.
Les forces de sécurité exercent des métiers valorisants (mais peu valorisés), passionnants et porteurs de valeurs.
Ce sont, par ailleurs, des métiers contraignants, aux rythmes de travail imposés, difficilement conciliables avec une vie de famille épanouie, entraînant des répercussions dans l’organisation de leur vie.
N’ayant que peu de temps pour penser à eux et aux leurs, il leur faut une protection globale, la plus complète et la meilleure possible (et la moins onéreuse possible, cela va de soi !).
Ce sont enfin des métiers dangereux (de plus en plus ?) pour chacun des hommes et femmes qui constituent cette communauté, l’invalidité ou la mort pouvant frapper à tout moment.
Il faut donc imaginer une Protection sociale qui tienne compte de ces deux facteurs.
Il faut pouvoir proposer des solutions de garde d’enfants compatibles avec les horaires décalés d’un ou des deux parents. Les organismes issus de l’économie sociale et solidaire doivent pouvoir nous y aider.
Face aux risques de blessures graves ou de mort, il faut protéger le membre des forces de sécurité et sa famille. Les contrats doivent donc intégrer obligatoirement et en inclusion des garanties minimales en matière d’invalidité et de décès sans les exclusions des risques usuellement appliquées. Je parle des risques d’attentat, d’insurrection, d’usage d’une arme à feu…
Ces risques liés aux métiers de la Sécurité peuvent avoir aussi un impact psychologique important sur les épouses et les enfants ; une prise en charge des familles en souffrance ou ayant été directement touchées doit faire intégralement partie de l’offre de couverture.
Ces métiers sont dangereux physiquement, et éprouvant psychologiquement.
Un policier, par exemple, aura dans sa carrière à côtoyer de nombreuses fois la mort et le deuil des familles, les blessures graves lors d’accidents de la circulation ou encore des violences intrafamiliales et leurs femmes et enfants victimes. Bref, toutes ces choses qu’on se refuse à imaginer mais qui hantent leurs rétines ou leur sommeil.
Par ailleurs, les conditions de travail, de ces dernières années en particulier, et la mise sous pression perpétuelle des forces de l’ordre occasionnent des dégâts irrémédiables. Le lynchage des forces de sécurité subit au travers de la presse et plus encore des réseaux sociaux sans plus aucune retenue, atteint même les plus solides d’entre eux. Le suicide, dans la police par exemple, est un fléau qui semble difficile à éradiquer.
L’administration y travaille mais se heurte certainement à une forme de déni par ses services déconcentrés ou par ses propres agents hommes et femmes qui se doivent d’être forts pour exercer ces métiers. Pourtant, ils ne sont pas imperturbables et sont parfois affectés durement par ces évènements.
Il faut donc imaginer une prise en charge de la prévention santé de manière générale et, plus encore, des risques psychosociaux, avec un financement direct et la création d’un réseau de proximité d’écoute et de soins. Il faudra, par je ne sais quel moyen encore, aider à la prise de conscience de cette faiblesse, et en faire un des enjeux majeurs de la Protection sociale à venir des forces de sécurité.