INTERVIEW
Masse Niang
Président de la FATO
Pouvez-vous dire comment est née la FATO ?
Pendant longtemps, la situation de l’appareillage orthopédique en Afrique était caractérisée par :
• L’absence de cadre d’échange entre techniciens orthoprothésistes au niveau national et régional ;
• L’insuffisance de formation continue des techniciens, Les difficultés d’accès à l’information par les professionnels ;
• L’absence de reconnaissance de la profession par les différentes autorités de la santé publique de la plupart des pays africains.
C’est alors que la FATO est mise en place pour répondre à tous ces besoins.
Quels sont les objectifs poursuivis par la FATO ?
Les objectifs de la FATO sont les suivants :
• Promouvoir l’accès au droit à la réadaptation fonctionnelle des personnes handicapées d’Afrique à travers la mise en place d’un réseau de professionnels (Orthoprothésistes, Kinésithérapeutes, Médecins de rééducation, Décideurs politiques, etc.) et d’acteurs de la réadaptation fonctionnelle intervenant en Afrique ;
• Regrouper toutes les associations de techniciens orthoprothésistes et autres professionnels de la réadaptation d’Afrique dans un cadre d’échange d’assistance mutuelle et d’épanouissement ;
• Œuvrer pour la réadaptation fonctionnelle de toutes les personnes handicapées d’Afrique ;
• Aider à la promotion et à la recherche de nouvelles technologies adaptées aux réalités africaines ;
• Créer un cadre de concertation, de formation et d’échange d’expérience des pays africains entre eux et avec les autres pays du monde.
Quelles sont les spécificités de l’exercice professionnel en Afrique ?
Les Etats africains éprouvent des difficultés à garantir un droit d’accès aux soins de réadaptation de qualité aux personnes, et de nombreuses organisations internationales se sont investies dans différents pays depuis plusieurs années. Leurs interventions sont cependant limitées lorsqu’elles ne peuvent pas s’inscrire dans une politique nationale/plan d’action à moyen et long terme. Depuis plusieurs décennies, les acteurs du domaine de la réadaptation et dans une moindre mesure les gouvernements africains ont consentis des efforts visant l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées. Cependant, ces efforts sont très loin des attentes.
La FATO travaille d’arrache-pied à aider les pays à intégrer la réadaptation dans les politiques et plans d’action nationaux et à élaborer des stratégies nationales relatives à la réadaptation.
Quelles sont les spécificités de la prise en charge des appareillages orthopédiques en Afrique ?
Toutes les pathologies nécessitant une orthèse ou une prothèse sont toutes prises en charge en Afrique. Le problème reste la nature et la qualité des composants. Les composants et technologies en vogue ailleurs (silicone, prothèses myoélectriques, etc.) ne sont pas souvent utilisés en Afrique à cause des conditions climatiques, des contraintes financières et des limites techniques. Le polypropylène est par contre très utilisé partout dans la confection des orthèses aussi bien que des prothèses. Les séquelles de poliomyélite sont encore nombreuses et occupent une bonne partie du nombre total des orthèses de membres inférieurs fabriquées en Afrique.
Quels sont les grands chantiers que la profession souhaite voir aboutir en Afrique en matière d’appareillage orthopédique externe sur mesure ?
• Le renforcement constant et systématique de capacités des professionnels ;
• La formation de plus de professionnels afin de pouvoir efficacement aux besoins existants ;
• Renforcer les systèmes et mécanismes de provision de composants et matières premières pour la confection des appareils orthopédiques ;
• Faire de la recherche opérationnelle afin d’améliorer les pratiques quotidiennes ;
• Favoriser les échanges de compétences parmi les pays africains ;
• Renforcer les efforts fédérateurs de tous les professionnels orthoprothésistes africains.