Étienne Tichit
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE NOVO NORDISK FRANCE
Notre vie a été bouleversée et chamboulée par une crise que personne n’avait anticipé. Soudain, nous attendions impatiemment et avec gravité les données sanitaires fraîchement compilées pour voir comment nos vies, nos prévisions familiales, estivales, nos entreprises, nos collaborateurs allaient pouvoir reprendre dans les meilleures conditions sanitaires.
Comme Directeur Général de Novo Nordisk en France, leader pharmaceutique danois spécialisé dans le diabète, l’hémophilie et les hormones de croissance, nous avons souhaité dépasser le cadre d’une simple gestion interne de la crise sanitaire. Être une entreprise citoyenne et engagée ce n’est pas seulement réagir et prendre les mesures nécessaires pour ses employés, les professionnels de santé et garantir l’accès aux traitements pour les patients, mais c’est aussi accompagner le changement et aider la société à faire face. Et comme nous le savons tous, toute crise est une opportunité de questionner notre contribution à la société. Notre entreprise vient d’ailleurs de lancer son programme international « Defeat Diabetes » visant à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour vaincre le diabète que ce soit en termes de prévention, d’accessibilité ou d’innovation.
Agir, entreprendre, être de véritables partenaires ont ainsi guidés notre méthode et nos choix ces huit dernières semaines. Avec cette crise, il n’y avait plus l’hôpital d’un côté, la médecine de ville de l’autre ; les autorités publiques et les entreprises privées. Nous formions une nation avec un objectif prioritaire partagé par tous : dépasser la crise du Covid-19 et préparer la suite, en contribuant pleinement à l’accélération de la transformation de notre modèle de société et de santé. Ainsi, pour la santé, la téléconsultation, le télésuivi, le portage des médicaments, la conduite de la recherche, la relocalisation industrielle, les priorités sanitaires ont été au cœur des débats avec malheureusement des volets oubliés comme, par exemple, le soutien à la précarité et aux personnes âgées ou dépendantes.
Pour cela, Novo Nordisk a d’abord souhaité répondre à l’appel du Président National des Banques Alimentaires, M. Bailet, confrontées au manque de masques et de gels hydroalcooliques, de ressources alimentaires, à l’isolement des personnes les plus précaires. En apportant un soutien sur trois ans, pour un montant de 500 000 euros, et en y associant la Fédération Française des patients Diabétiques (FFD) et la Société Francophone du Diabète (SFD), nous avons souhaité aider les premières victimes de la crise sanitaire : les personnes vivants en extrême précarité qui sont d’ailleurs, plus souvent que d’autres, touchés par le diabète, l’obésité, les problèmes cardiovasculaires… Répondre à l’urgence sanitaire et la précarité alimentaire mais aussi préparer la suite en construisant une équipe pour permettre de prévenir, d’adapter les messages d’éducation à la santé, et parfois de dépister les personnes diabétiques ou obèses était, pour nous, une priorité. Une discussion est par ailleurs engagée avec les Banques Alimentaires pour mobiliser bénévolement l’ensemble de nos collaborateurs lors de la collecte nationale début décembre.
Ensuite, nous souhaitions préparer la sortie du confinement et aider les autorités à mettre fin à la propagation du Covid-19. Pour cela nous avons apporté notre soutien à la solution de télésuivi COVIDOM développée par l’entreprise Nouveal, avec l’AP-HP, La Poste, Malakoff Humanis et J&J afin de suivre à distance les patients porteurs et organiser au mieux leur parcours de soins (ou l’isolement). Ce soutien a permis d’étendre, gratuitement, l’usage de cet outil aux professionnels de santé de ville partout en France.
Enfin, afin de limiter l’engorgement du système de soins, nous avons souhaité rejoindre la large « Coalition Innovation Santé » autour de France Biotech, France Digitale, l’AP-HP, France Assos Santé et bien d’autres pour développer et mettre en œuvre des solutions innovantes dans le domaine de la santé sur la base des besoins identifiés et remontés par les structures de soins, les professionnels de santé et les associations de patients. Depuis la création de cette coalition le 25 mars dernier, l’appel à projets a remporté un vif succès avec plus de 350 projets qualifiés et plus d’une centaine de besoins recensés auprès des structures de soins et des associations de patients comme la télésurveillance du parcours de soins et le monitoring des données médicales.
Cette crise aura probablement brisé quelques silos, si présents dans la société française et qui existent si peu dans le pays de notre maison mère, le Danemark, où collaborations publiques – privées sont fortement ancrées dans la culture du « pragmatisme scandinave ». C’est peut-être une des autres leçons que nous devrons tirer de cette crise : l’innovation en Santé ne peut se faire qu’avec l’ensemble des acteurs de Santé et les industriels devraient être davantage associés à cet effort national…