Jean-Pierre Pakula
Président de l’ANOPEX
Quels constats dressez-vous en matière de Protection sociale de la communauté Sécurité-Défense et plus précisément en ce qui concerne le monde combattant ?
Le monde combattant est représenté majoritairement par la troisième génération du feu (Indochine, Algérie, Maroc, Tunisie) et la quatrième génération du feu (participants aux opérations extérieures – OPEX).
Les premiers ont pour la plupart 80 ans et plus, tandis que les plus anciens des seconds ont dépassé la soixantaine.
C’est cette population qui est la plus concernée par le besoin de Protection sociale.
Les acteurs de la Protection sociale dédiés aux forces armées satisfont aux besoins liés à la maladie et au suivi médical ordinaire de cette population. Néanmoins, concernant la dépendance et l’appareillage (fonctionnel, dentaire, auditif et visuel), une marge de progression existe : les besoins ne sont pas tous couverts dans le cadre des garanties souscrites par des ressortissants aux capacités financières limitées, puisqu’ils sont retraités. Des dispositifs tels que le dossier unique porté par la CNMSS, l’Action sociale des armées et les opérateurs privés à but non lucratif de la communauté Sécurité-Défense, permettent de diminuer de façon importante les dépenses à la charge des patients… à condition de les connaître et d’y avoir recours !
Quels besoins restent aujourd’hui à combler en matière de Protection sociale pour la communauté Sécurité-Défense et plus précisément en ce qui concerne le monde combattant ?
C’est précisément les besoins liés à la dépendance. L’allongement de la durée de vie jusqu’à près de 80 ans pour les hommes et 86 ans pour les femmes, en 2019, a pour effet mécanique l’augmentation du nombre de personnes dépendantes. Ces dernières se trouvent parfois dans une grande précarité compte tenu du coût des hébergements mis à leur disposition actuellement (résidences séniors, EHPAD…) et de leurs ressources propres (petites retraites notamment). La plupart des plus anciens n’ont pas anticipé cette évolution et pour les plus jeunes, mieux informés, cela impose la prise d’un contrat d’assurance, au coût élevé, proportionnellement aux capacités financières des personnes concernées.
Le coût de la complémentaire santé est déjà élevé pour les anciens. Un effort est demandé aux acteurs de la Protection sociale de la communauté Sécurité-Défense pour rester accessibles, tout en étant au rendez-vous sur le volet dépendance.
Selon vous, le monde combattant est-il aujourd’hui bien protégé ? Avez-vous noté une évolution dans la qualité de prise en charge de ses besoins spécifiques ?
Globalement, le monde combattant est bien protégé, car, outre la complémentaire santé, il dispose fort heureusement d’organismes susceptibles de le soutenir (Service de santé des armées, ONACVG, associations diverses dont l’ANOPEX…), qui lui apportent un indispensable appui, notamment en cas d’appareillage fonctionnel.
Quel avenir a, selon vous, la Protection sociale de la communauté Sécurité-Défense et plus précisément en ce qui concerne le monde combattant ?
L’union fait la force, alors pourquoi ne pas chercher à renforcer les synergies entre tous les acteurs du soutien social, voire à regrouper les entités qui œuvrent sur les mêmes champs lorsque c’est pertinent. Unéo est, par exemple, née du regroupement en 2008 des mutuelles Terre et Marine, Air et Gendarmerie. Pourquoi ne pas aller plus loin ? La Protection sociale de la communauté Sécurité-Défense en général, et des combattants d’hier, d’aujourd’hui, et de demain en particulier, est un enjeu qui doit transcender les divergences entre des organismes, qui, par ailleurs, font montre d’un vrai engagement pour cette communauté.